Une station de sauvetage dans le Golfe du Morbihan ? Oui ! Mais depuis quand ! Épisode 2

Aujour­d’hui, nous pour­sui­vons notre voyage dans le temps avec la période après guerre, de 1961 à la fin des Hospi­ta­liers Sauve­teurs Bretons en 1966/1967. Nous avons l’an­née dernière numé­risé une partie de nos archives et avons redé­cou­vert des trésors.

La vedette HSB 23 "Léon Poulet IX" de la station de Vannes SNSM Golfe du Morbihan

Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, les côtes françaises se trou­­vaient dépour­­vues de flotte de sauve­­tage. En octobre 1961, Maurice Lefranc, ingé­­nieur conseil à Vannes, souhaite réor­­ga­­ni­­ser la station de sauve­­tage des HSB de Vannes. La tâche est ardue. Seule bonne nouvelle : la vedette Couach (déjà à l’époque) semble fonc­­tion­­ner correc­­te­­ment. 

Pendant ce temps, d’autres person­na­li­tés impor­­tantes de notre station œuvrent déjà ailleurs : 

  • Claude Pichon, entré aux HSB de Saint Malo dès 1950 à l’âge de 15 ans, est revenu dans le Morbi­­han. Le 25 juillet 1955 à Quibe­­ron, il se jette à l’eau et sauve une jeune fille qui se baignait au moment où elle dispa­­rais­­sait. Le 18 juillet 1957 à Belle-Ile, il se porte à la nage au secours d’une femme en danger avec son enfant, et les ramène à terre sain et saufs. Pour ces actes, il reçoit en 1956 le diplôme d’Hon­­neur et en 1959 la médaille de bronze du sauve­­tage. 

  • Pierre Dersoir entre aux HSB à Rennes en 1950, puis parti­­cipe à la relance de la station de La Turballe comme secré­­taire, avant de démé­­na­­ger à Vannes. 

  • Charles Pilor­­get, qui était surveillant de plage aux HSB à Saint Briac, arrive à Vannes en 1949. Il est un yacht­­man bouli­­mique de voilier, et navigue du Golfe vers les îles britan­­niques et les Açores. 

En 1961, la Société Régio­nale Libre des Hospi­­ta­­liers Sauve­­teurs Bretons sauve 651 vies humaines et assiste 441 bateaux. 

Maurice Lefranc démis­­sionne en 1962 et Charles Pilor­­get devient président le 3 janvier 1963. Il le restera plus de 60 ans ! 

Avec le soutien du Lions Club, Charles Pilor­­get n’aura de cesse de faire évoluer la station, et surtout, de lui procu­­rer des moyens finan­­ciers grâce à un rela­­tion­­nel impres­­sion­­nant, et un sens inné des rela­­tions publiques.

C’est important de faire connaître le travail des sauveteurs, tous bénévoles ; de dire que le golfe n’est pas un lac ! Ici, courants et contre-courants peuvent rendre la navigation difficile. D’autant que dans cette « petite mer », naviguent pêle-mêle à partir du printemps : vedettes à passagers, voiliers, caboteurs, planches à voile, etc
Charles Pilorget
à Francis Salaün dans le magazine "Sauvetage" en 2017

La mission confiée à Pilor­­get est de former un comité HSB chargé de gérer les inté­­rêts de la Société, repré­­sen­­tée par la vedette rapide de Vannes (la vedette Couach « Comman­­dant Pelle­­tier », du nom du Docteur Colas-Pelle­­tier, résis­­tant sous l’Oc­­cu­­pa­­tion) et quelques postes de secours dissé­­mi­­nés sur le Golfe, et de recher­­cher des fonds pour faire fonc­­tion­­ner l’as­­so­­cia­­tion. 

Au cours de l’an­­née 1964 est créé le poste de secours de la piscine d’eau de mer de Conleau.

Vedette HSB 23 / SNS 21 Léon Poulet IX de Vannes

En 1965, la station reçoit une unité neuve : la vedette Arcoa Couach « HSB23 Léon Poulet IX », construite à Arca­­chon, arrive par wagon SNCF à la gare de Vannes. En effet, Léon Poulet, indus­­triel de l’Est de la France, a financé une ving­­taine de vedettes aux sauve­­teurs bretons, afin de leur permettre de servir leur cause à Vannes, Loctudy, Lancieux, Beg Meil…

L’an­­cienne vedette « Cdt Pelle­­tier » est mise au mouillage à Arra­­don avant d’être vendue. Des bouées de sauve­­tages sont instal­lées à l’Ile-aux-moines, Arra­­don, Larmor-Baden et au pont vert à Vannes. 

Pour collec­­ter des fonds, Charles Pilor­­get orga­­nise des événe­­ments comme des confé­­rences et des bals, avec le Lion’s Club, le Rotary, la Société des Régates de Vannes, le club Hippique, l’UCK et le Véloce Vanne­­tais. Parmi deux soirées marquantes, la diffu­­sion d’un film au cinéma de la Garenne en compa­­gnie d’Eric Tabarly, et surtout, un diner-confé­­rence au casino de Conleau (aujour­­d’hui l’hô­­tel Le Roof) avec la Compa­­gnie Géné­­rale Trans­at­­lan­­tique, repré­­sen­­tée par le comman­­dant Croi­sile du paque­­bot trans­at­­lan­­tique « France » en 1963. Lors de cette soirée, une tombola fut orga­ni­sée avec comme premier lot une croi­sière à bord du France. L’af­fluence était telle que les nappes des tables furent décou­pées une fois tous les tickets vendus !

Prochai­ne­ment, nous parle­rons de la créa­tion de la Société Natio­nale de Sauve­tage en Mer, présen­tée aux dona­teurs par Charles Pilor­get par ces mots : « Les Hospi­ta­liers Sauve­teurs Bretons ne sont plus. Cepen­dant, ce n’est pas à des funé­railles que nous avons assisté, mais à un maria­ge… »